Sur une idée de la mère Cane, sur son blog La mare au canard, une petite description de mon monde à moi.

Dans mon monde il y a mon Petit Poussin qui m’a empêché de dormir la nuit avant même d’être né, tellement les yeux désolés des obstétriciens me glaçaient. Mon bébé qu’on a forcé à naître un peu trop tôt, et qui ne voulait pas sortir. Mon fils si beau, mon fils tant aimé, qui m’a refusé sa tendresse pour me punir d’être enceinte de son frère. Pour se protéger. Dans mon monde, j’ai du reconquérir mon fils, et mon cœur tressaille à chaque baiser qu’il me réclame, à chaque sourire qu’il m’offre. Dans mon monde, l’amour de mon fils est précieux.

Dans mon monde, il y a mon Mini Lapin, qui est né sans faire d’histoire quand on lui a signifié la fin du bail, rab compris. Mon bébé relax, mon bébé qui prend son temps. Neuf mois dedans, neuf mois dehors, grossesse parfaite, naissance parfaite, bébé (presque) toujours souriant. Dans mon monde, cette petite merveille de douceur, tranquillement, l’air de rien, a un caractère bien affirmé. Dans mon monde, il y a un orni (objet rampant non identifié) ; je ne sais pas comment ça va tourner.

Dans mon monde, il y a mon Mari. L’Homme, le mâle à l’ancienne, du genre qui nourrit sa famille et le père moderne, du genre qui change les couches et qui se lève la nuit. Tous les superlatifs s’appliquent : très grand, très fort, très intelligent, très travailleur, très courageux, très immature, très énervant, très inconscient, très buté, très beau, très geek, très papa poule… dans mon monde, j’Aime avec un grand A, j’Admire avec un grand A, même quand il m’Agace. Ça n’est pas à la mode, mais c’est comme ça.

Dans mon monde, il y a mon projet, ma Kinkiu Corp., qui me prend tout le temps que me laissent mes enfants, il y a les chiffres, et les lois, et les business plans, et les plans marketing, et les plans de financement, et les spécifications, et les bases de données, et les mind maps, et, encore plus importants, les parents, les enfants, les superhéros, pour qui je fais tout ça.

Dans mon monde il y a mes amis, il y en a peu, il y en a beaucoup, je ne suis jamais sûre, les plus anciens, les plus récents, et finalement tous précieux, vraiment, pour chaque minute toujours trop rare passée ensemble. Au bout de combien d’années est-on ami ? Au bout d’une vie entière ? Au bout d’une bière entière ? Certains amis sont ma famille, certains sont les amis d’un moment, l’important c’est cette chaleur du coeur en se (re)voyant.

Dans mon monde, justement, il y a ma famille. Mes parents, mes frères, essentiels à ma vie. Mais aussi mes grands-mères, la mémoire de mes grands-pères, les oncles, les tantes, les cousins, les cousines, d’un côté comme de l’autre, mon clan, mes clans. Ma famille de fous, de folles, ma famille (presque) normale, ma famille (plutôt) bizarre, ma famille (vraiment) barrée, ma famille qui se dispute et qui fait la gueule, ma famille qui se rassemble et qui s’aime. Ma famille.

Dans mon monde, il y a sa famille. Ses parents, ses frères, ses grands-parents, ses oncles, ses tantes, ses cousins, ses cousines. Ceux qu’on voit peu, ceux qu’on voit souvent. Sa famille qui m’a adoptée avec une immense gentillesse, ma famille aussi, aujourd’hui.

Dans mon monde, il y a les histoires, les ancêtres, les fantômes, les personnages. Il y a Alfred et Antonine, les époux maudits, Olinde, le mathématicien, Pierre, le dragon, Karol, l’exilé, tous des fantômes… Il y a Marion, et son chien Rouge, Laure, toujours en Italie, et tant d’autres personnages inachevés. Dans mon monde, il y a une écrivaine qui n’est pas devenue, faute d’écrire, et qui se promène avec cette foule autour d’elle que personne d’autre ne voit. Dans mon monde, je ne suis jamais seule.

Dans mon monde, il y a le TDA, et cette détresse de ne pas fonctionner tout à fait comme tout le monde. Dans mon monde, le TDA est en retard, il est dans la lune, il est maladroit, il est décalé, il est émotif, il a du mal à téléphoner, il perd mes affaires et ne m’aide pas du tout à comprendre les gens. Dans mon monde, le TDA et moi, nous apprenons doucement à vivre ensemble, lui à se plier à mes petites stratégies et moi à lui pardonner. Dans mon monde, parfois j’en ai marre, et je deviens droguée sur ordonnance juste pour être normale. Dans mon monde, parfois je n’arrive pas à appeler pour avoir une ordonnance, c’est un peu le serpent qui se mord la queue.

Dans mon monde, il y a moi. Je suis un peu la somme de tout ça. Avec la gourmandise, les kilos et les complexes, la geekitude, les voyages, les livres, le parcours atypique typiquement moi, l’envie, le bordel, le stress, la zenitude, la paix. Dans mon monde, on m’a dit un jour que si mes amis étaient tous les ingrédients d’un Pho, je serais le bol. Je ne suis toujours pas sûre de comment je dois le prendre. Dans mon monde, je suis une collectionneuse de petits moments de joie, d’émerveillement, de satisfaction, d’amour ; je les colle, je les accroche, je les réchauffe, et ils se transforment en bonheur.

Retour